"L'an dernier, on a vu de la fumée. Là c'est la maison qui brûle ! Et les prospections sont largement insuffisantes pour faire face à la gravité de la situation", alerte d'emblée Alice Dubois, chargée de mission de la Draaf Paca, en ouvrant la réunion organisée le 19 mars à Brignoles, pour présenter le bilan de la campagne de prospection 2023 de la flavescence dorée.

Une contamination exponentielle

Pour rappel, en 2022, un nouveau foyer avait été détecté à La Celle. Prospections et analyses avaient alors permis d'identifier 44 ceps contaminés sur 2 parcelles. Malgré l'arrachage des pieds concernés et les traitements réalisés dans le cadre de la lutte obligatoire, les dernières prospections montrent que la maladie gagne du terrain de façon exponentielle. En 2023, 1 442 ceps contaminés ont été identifiés sur 14 parcelles, dont 1 441 ceps sur 13 parcelles à La Celle et 1 cep sur 1 parcelle à Brignoles. "Mais l'ensemble du vignoble est loin d'avoir été prospecté", insiste Johan Yvelin, de la Fredon Paca. À l'échelle du département, seuls 3 092 hectares ont fait l'objet de prospections l'an dernier, et 5 447 ha lors des trois dernières campagnes. "Sur les quelque 31 000 hectares de vignes inscrits au Volume complémentaire individuel [VCI, ndlr] dans le Var, ce sont donc plus de 25 000 hectares qui sont de potentiels réservoirs de la maladie", tonne Alice Dubois. Sur le secteur de la zone foyer de La Celle, qui compte près de 7 000 ha de vignoble sur une trentaine de communes, la situation n'est pas moins inquiétante. Seulement 841 ha y ont été prospectés l'an dernier, et 1 600 ha sur les trois dernières années.

La prospection comme priorité absolue

"Il est de la responsabilité des viticulteurs de mettre en place les moyens de lutte. Et l'urgence, c'est de prospecter collectivement le vignoble. On sait que la période d'expression des symptômes est la plus chargée avec les vendanges. Mais c'est absolument indispensable", souligne la représentante de la Draaf Paca.

Avant de rappeler que la flavescence dorée de la vigne est une maladie incurable qui met le vignoble en péril et que, depuis 2003, la déclaration de tout symptôme de jaunisse est obligatoire. "Il faut réussir à prospecter 100 % de la zone foyer en 2024, et au moins 50 % du secteur. La Chambre d'agriculture est là pour accompagner les producteurs, les aider à s'organiser et à se former", soutient Marie Robin, responsable de l'équipe viticulture de la Chambre d'agriculture du Var. Chaque année, en lien avec la Fredon, des sessions de formation d'encadrants de prospection et de reconnaissance des symptômes sont proposées.

La Fredon Paca travaille en parallèle à la finalisation de fiches mises en ligne sur le Net, qui décrivent les symptômes selon les cépages. "C'est un outil accessible depuis le terrain, qui ne remplace pas la formation mais la complète. La formation reste essentielle, car elle permet d'observer les symptômes dans la réalité du vignoble", indique Johan Yvelin.

"Il est impossible de différencier du bois noir de la flavescence dorée à l'œil nu. Seule une analyse PCR peut le faire. Et on peut avoir les deux sur une même parcelle", martèle Alice Dubois, en rappelant qu'un cep contaminé met au moins une année avant de présenter des symptômes. Sans compter la mauvaise expression des symptômes sur plantiers et le caractère asymptomatique des porte-greffes, qui compliquent un peu plus la détection de la maladie. La formation est ainsi un pré-requis essentiel à la prospection.

"Quoi qu'il en soit, il ne faut surtout pas rester avec un doute quant à d'éventuels symptômes. L'équipe de la Chambre est là pour aider, peut se déplacer et faire le lien avec la Fredon", ajoute Audrey Chaix-Bryan, référente 'Flavescence dorée' à la Chambre départementale d'agriculture.

Une application mobile - destinée à renseigner les surfaces prospectées et à signaler les souches symptomatiques - est également désormais disponible, de sorte à améliorer l'organisation des prélèvements par les agents de la Fredon, et à faciliter la collecte et le traitement des données.

Lutte obligatoire renforcée

L'organisme technique à vocation sanitaire en appelle d'autre part aux bonnes volontés, afin de mettre en œuvre les campagnes de piégeage de la cicadelle vectrice du phytoplasme de la flavescence dorée. Distribués par la Fredon, les pièges doivent être relevés deux fois, entre la mi-juillet et la mi-août. "La cicadelle étant inféodée à la vigne, sa présence n'est pas forcément problématique. Mais cela le devient quand il y a des foyers de contaminations", note Johan Yvelin. Pour exemple, en Sainte-Victoire, où les populations de cicadelles sont de niveau élevé, la prospection annuelle de 98 % du vignoble a permis d'identifier des ceps contaminés isolés et d'éviter la propagation de la maladie. Pour ce qui est de la zone de La Celle, la lutte va devoir être renforcée ; et les zones de traitements obligatoires doivent être élargies, en concertation avec la profession viticole.

Courant mai, un arrêté préfectoral viendra préciser les périmètres à traiter et le nombre d'intervention à y réaliser. Les taux de contamination étant inférieurs à 20 %, aucune parcelle n'a dû être arrachée en intégralité dans le Var. Mais les ceps contaminés ont dû être éliminés. Les contrôles d'arrachage, menés par la Fredon, doivent débuter le 2 avril.

En Paca, 27 695 hectares ont été prospectés en 2023, dont 16 140 ha en Vaucluse, 8 361 ha dans les Bouches-du-Rhône, 3 092 ha dans le Var et 101 ha dans les départements alpins, dans lesquels la viticulture est moins présente

En région, 13 907 ceps ont été identifiés positifs à la flavescence dorée sur 373 parcelles, à travers 69 communes

Dans le Vaucluse, 8 430 ceps sur 282 parcelles contaminées (dont 3 à plus de 20 %) dans 50 communes

Dans les Bouches-du-Rhône, 4 030 ceps sur 76 parcelles (dont 2 à plus de 20 %) dans 16 communes

Dans le Var, 1 442 ceps sur 14 parcelles dans 2 communes

Dans les Alpes-de-Haute-Provence, 5 ceps sur 1 parcelle